Kauan - Lumikuuro (CD)

Review
Hall of Metal
9.8/10
04.03.2008

Realmente impresionante el album debut de esta formación rusa. La banda tiene como nombre el título de un disco de TENHI, lo que seguramente no sea casualidad, ya que muchos de los aspectos de la maravillosa banda finesa están presentes en KAUAN. De hecho es curioso que a pesar de ser rusos todo el disco esté cantado en finés. El grupo se formó hace relativamente poco tiempo (2005), lo cual no impide que tengan una conjunción propia de bandas mucho mas veteranas. En sus inicios se decantaron por una vertiente folk black metal pero rápidamente enfocaron su estilo hacia una especie de folk doom. Para hacer una aproximación rápida y situarnos de que estamos hablando musicalmente con estos KAUAN, podemos decir que si SHAPE OF DESPAIR (época del "Shades Of..") y TENHI convergiesen en algún punto, en este estaría KAUAN. Por supuesto con muchísimos matices que hacen su arte único.

KAUAN han conseguido que su música fluya, en estado puro, sin apenas elementos contaminantes. Consiguen crear atmosferas que recrean a la par sentimientos de tristeza con melodias de magnífica belleza. Se nota que los músicos ejecutores tienen una base de formación clásica, aspecto que se aprecia principalmente en la armonía de todas las composiciones. A pesar de combinar partes doom algo más duras, voces desgarradas incluidas, con interludios de piano y violín, consiguen que el "todo" no quede alterado en absoluto y que no se aprecien cambios bruscos. Cada parte enlaza con la siguiente con total naturalidad.

En mucho aspectos KAUAN me recuerda a otra banda de estilo único: AGALLOCH. Aunque ambos conjuntos difieren sobre todo en lo que a ejecución se refiere (KAUAN tiende hacia la música clásica y AGALLOCH hacia los pasajes densos y atmosféricos) en muchos de los conceptos se unen clarísimamente. A todos esos fans de AGALLOCH que llevan buscando algún grupo que cubra sus exigencias, les garantizo que KAUAN les encantará.

Pasemos un poco a describir el album. "Lumikuuro" comienza con "Alku", una intro evocadora de piano que muestra el camino hacia un viaje etéreo y evocador. Es complicado destacar alguna canción o intentar describir en pocas palabras cada una de ellas, ya que durante su transcurso se dan numerosos cambios de estilo, pasando del doom metal al folk (ojo, no hablamos del folk "alegre" tipo KORPIKLAANI) y a pasajes de música ambiental o interludios de piano o violín.
Personalmente os voy a dar la opinión de los temas que tal vez mas me han gustado, aunque me resulte realmente dificil elegir entre tanta calidad. "Aamu Ja Kaste" es uno de los temazos del album. Un tema con una tendencia muy estilo AGALLOCH de su último album. Corte largo con estructuras muy marcadas, melodias basadas en acordes encadenados simples pero potentes y con mucha carga ambiental. Otra de las mejores piezas es "Koivun Elama", una canción de las más duras del album, pero llena de encanto. En ella introducen unos coros que bien podrían pertenecer a algún disco de WINDIR pero convenientemente adaptadas al estilo más melódico de KAUAN. Mención especial hay que hacer a la versión acustica de "Syleily Sumu". Este tema es pura magia y melancolía. Con el piano y el violín en su máxima expresión, KAUAN consiguen que el tema emane sentimiento por todos sus poros evitando a la vez caer en pasteladas de ningún tipo.

Sin más, solo decir que es posiblemente el mejor album que he escuchado en los últimos dos años. Una maravilla que recomiendo a cualquier seguidor de la buena música que se precie. KAUAN van mucho más allá de las posibles etiquetas estilísticas que se le puedan poner. Son mucho más que doom metal o folk metal. "Lumikuuro" es un album para los que les gusta soñar despiertos.

Author: aldarion

Review
Cryptic Madness
6/6

Parfois, le chroniqueur tombe sur l’album d’un groupe totalement inconnu, dont il arrive à peine à lire le nom sur la pochette, venu de contrées lointaines et exotiques. L’appréhension est logique, tant l’être humain a tendance à se méfier de ce qu’il ne connaît pas. Et aussi, parfois, (trop ?) souvent, à juger sur l’allure et l’origine, sans chercher à écouter, à connaître, à comprendre. Pour le chroniqueur, on peut effectivement dire que la chronique est aisée. Qui sommes-nous, après tout ? Cachés derrière nos écrans d’ordinateurs, à l’abri de nos claviers, sans la légitimité que peut apporter le métier de journaliste, nous jugeons, nous hissons sur un piédestal des groupes qui dans une semaine seront morts et brisons dans l’élan les ailes des futurs grands de demain. Le groupe inconnu est donc à ce titre doublement notre cible, victime à la fois de l’ignorance que nous avons de lui mais aussi des erreurs de jeunesse qui peuvent lui être imputable. Le chroniqueur n’est donc jamais qu’une sorte d’oiseau charognard, et seuls quelques Black-Metalleux se permettront de trouver du charme au corbeau, au vague prétexte qu’il fût l’oiseau familier d’un dieu borgne cacochyme dont les derniers fidèles subirent une défaite cuisante et définitive face aux adeptes d’un Dieu venu du désert, en 1014 à Clontarf. Malgré cela, il arrive qu’un groupe crée une surprise, non pas simplement parce qu’il sort un bon premier album avec une forte personnalité, mais aussi parce que sa musique nous touche au plus profond de nous-mêmes. Kauan est de ceux-là.

Je suis la scène Doom des Pays de l’Est depuis quelques années, et en particulier la scène russe, qui ne cesse de révéler un nombre foisonnant de jeunes talents, dont l’inventivité fait plaisir à entendre, et nous change des sempiternels groupes occidentaux, qui semblent, au vu de leurs dernières réalisations, à se borner à copier qui Reverend Bizarre, qui Mournful Congregation, qui Paradise Lost, qui My Dying Bride…Il reste de bons groupes à l’Ouest, heureusement, mais l’innovation vient des toundras gelées. Au départ, le descriptif de la musique de Kauan avait pourtant tout pour me déplaire. Si je n’ai rien contre le mélange du Black et du Doom, il faut bien reconnaître que c’est un équilibre très casse-gueule dans lequel le ridicule le dispute au sublime (qu’il suffise pour s’en convaincre de comparer le dernier Deinonychus avec un Insomnia ou un Ark Of Thought). Kauan a su transcender mes à priori bien négatifs, et propose ici une œuvre dont l’inventivité et la maturité ne donnent pas l’impressio, d’écouter un jeune groupe. De Black-Metal, il n’est finalement peu question, à part des vocaux criés dans quelques chansons (Aanu Ja Kaste et Lumikuuro, notamment). Assez curieusement, de Doom aussi, du moins dans sa forme musicale la plus brute. Si la section rythmique joue effectivement en mid-tempos, tirant parfois sur le low-tempo, les guitares sont plus abrasives, marchant sur la fine corde qui sépare le Black/Doom du Black Dépressif.

Mais si Kauan n’est pas un groupe dépressif, il est toutefois un groupe déprimant, triste et mélancolique. Les claviers sont l’instrument qui met ici le plus la musique en valeur, et pourtant, bien qu’omniprésents, ils ne noient pas les chansons sous un déluge de notes qui se voudraient symphoniques. Pour bien comprendre l’excellence de leur placement, il faut se reporter au quatrième morceau de l’album, un pièce instrumentale de toute beauté intitulée Savu. Il y a dans ce titre l’ensemble de ce qui fait d’une chanson un classique absolu : le placement des instruments est superbe, aidé par un mixage aux petits oignons, les nappes de claviers semblent sorties d’un morceau de Mike Oldfield époque Amarok ou Crises, les guitares naviguent entre brutalité Metal et passages atmosphériques digne d’un The 3rd And The Mortal, ou encore d’un Mike Oldfield (j’ai souvent pensé, dans la structure, à la très belle pièce pour guitare électrique appelée The Lake, qu’il avait écrit en 1984) pour l’aspect progressif. A ceci se rajoutent des influences Folk (une très belle utilisation de la flûte dans Syleilyn Sumu), qui aèrent encore plus la musique sans être envahissantes, comme c’est trop souvent le cas chez certains groupes. Mais Savu ne doit pas être l’arbre cachant la forêt, car là où Kauan démontre l’étendue de son talent, c’est dans le mélange d’influences non-Metal à priori très disparates.

Car l’album est divisé en deux parties, et pas pour rien. Si la première peut ressembler au croisement improbable entre Cronian, Summoning, Agalloch et le The Gathering actuel (sans chant féminin, toutefois), la seconde rajoute dans le chaudron du Jazz et même de la Lounge Music. Ainsi Villiruusu, chanson d’un calme froid et souverain, à qui il ne manque quasiment qu’un beat électronique pour ne pas sembler incongrue sur une quelconque compilation du Buddha Bar. C’est sur ce morceau, mais aussi sur la version accoustique pour violon et piano de Syleilyn Sumu qui ferme l’album, que le vocaliste Anton Belov déploie le plus son talent. Son chant clair est magnifique, parfois très légèrement crooner, mais majoritairement planant et serein, rappelant le Katatonia d’un Tonight’s Decision ou d’un Viva Emptiness, mais sans perdre une certaine agressivité. Au vrai, à l’écoute de ces deux magnifiques morceaux, l’appelation que se donne le groupe de Lounge Doom Metal ne semble pas du tout être un simple coup publicitaire, mais au contraire une juste évaluation de l’incroyable potentiel créatif du duo à la base de Kauan. Cet album, cet incroyable PREMIER album, ne souffre à mes yeux que d’un seul bémol : des vocalises Black-Metal, certes dans le ton, mais qui lorsque l’on a écouté l’album en entier, semblent finalement peu à leur place au milieu de cette musique calme, profonde et froide comme un lac gelé. Cela ne doit absolument pas vous empècher de vous ruer chez votre disquaire pour écouter cet album, d’aller en grapiller des titres sur le Myspace du groupe (en lien dans leur biographie) ou sur le site de leur label.

Un album tout en couleur, tout en douceur, tout en finesse mais aussi tout en tristesse, celle qui vous broie le cœur dans son étreinte glacée au plus fort de l’hiver. Les Black-Metalleux dépressifs peuvent hurler leur haine envers un monde indifférent, mais la vraie douleur de l’âme est dans la musique de Kauan. Le baume qui guérit et efface ces blessures aussi. Avec Lumikuuro, le groupe russe signe une œuvre majeure, et je me désole de ne l’avoir découverte que maintenant, car vue la qualité de la réalisations, elle se glisse avec le recul dans mon Top 10 des albums de 2007. J’aurais grand plaisir à écouter et ré-écouter encore cet album, et à suivre la carrière prometteuse de ce jeune groupe, auquel je ne peux que souhaiter tout le succès qu’il mérite, et je prêterais dorénavant une oreille attentive aux autres sorties de son label.

Author: Doomer