Lorelei - Угрюмые Волны Студеного Моря (CD)

Review
Metalship
7/10

La Russie est aujourd'hui une véritable source intarissable de groupes de Doom métal. La présence d'un des plus gros labels du genre, Solitude Productions n'y est sans doute pas pour rien. On voit donc fleurir de-ci de-là de nombreuses formations qui cherchent à se faire une place, en apportant de nouvelles choses ou une approche personnelle.

Lorelei a donc vu le jour en 2003 sur cette véritable terre promise et il a fallu attendre 10 ans pour voir sortir leur premier album : "Угрюмые волны студёного моря". Il faut dire que les Russes ont eu du mal à démarrer, avec de nombreux changements de line-up et une démo sortant 4 ans après leur création. Mais aujourd'hui, ils prennent un peu d'ampleur et se lance dans l'aventure avec un support plus élaboré.

L'artwork est de qualité avec une pochette nous promettant un voyage mouvementé, je me décide donc à plonger dans le monde de Lorelei.

Après une introduction mystérieuse assez typique du genre (bruit d'orage, de vent, etc.), la musique du groupe s'affirme. Le clavier se charge de dépeindre le décor, les guitares se font massives et la voix gutturale est impressionnante de puissance et de profondeur. La grande surprise reste tout de même l'utilisation de la voix lyrique de Ksenia qui est une véritable force. Le contraste entre la voix gutturale et la voix lyrique est très bien utilisé, marquant les passages plus durs et les moments plus subtils.
L'ambiance recherchée par Lorelei est marquée du sceau du style gothique. La tristesse et la mélancolie sont omniprésentes avec des mélodies descendantes, des nappes de claviers inspirées le tout sur un mid-tempo de rigueur.

"Угрюмые волны студёного моря" est ponctué de véritables moments de grâce, notamment avec cet incroyable "La Vita Fugge E Non S'arresta Un'ora", seul titre non russe, qui est surprenant de justesse. On aime ou on déteste la voix lyrique, mais nous sommes obligés d'avouer que la voix de Ksenia est enivrante.

Le retour à la réalité est difficile après ce court interlude de musique classique. On revient à un schéma plus habituel, qui reste identique tout au long de l'album. Notons tout de même une introduction de "Холодный призрачный рассвет..." plus teintée Death metal, plus rude et incisive qui se démarque du reste de l'opus, où encore ce très beau solo de basse sur "Не ведая тёмных пределов печали...", instrument enfin mis en valeur, car il a tendance à se perdre au milieu de cette richesse musicale.

Vous l'avez compris, rien de révolutionnaire mais l'écriture est très inspirée, les interventions de chaque instrument sont justes et réfléchies et le rendu est donc de très bonne qualité. Le souci majeur de ce type de pièce est que Lorelei va se retrouver face à un auditoire qui va soit adhérer complètement, soit détester. En toute objectivité, je pense que les fans du genre s'y retrouveront car l'inspiration et la volonté de proposer des passages riches en émotion, sont bien présentes. Cependant, le côté déjà-vu, ou la présence d'une ambiance trop "gothique" peut justement freiner les ardeurs. Un premier album sans fausse note qui en ravira plus d'un.